Prix de l’énergie, rénovation des logements : deux leviers clés pour le pouvoir d’achat et le climat
Dans quelques jours s’ouvrira la COP29 Climat en Azerbaïdjan.
Les voyants sont loin d’être au vert. Les émissions de gaz à effet de serre ont encore augmenté au niveau mondial. Le climat et l’écologie sont largement passés au second plan des priorités politiques du moment. Les conflits armés en Ukraine et au Proche Orient y ont largement contribué. En France, l’intérêt pour le sujet du climat est à la peine. Dans ce contexte, que le Premier Ministre ait mis la dette écologique en avant alors que personne ne le lui demandait fait, a minima, montre de conviction personnelle et c’est à saluer en soi. Il faut dire que la question n’est pas qu’un sujet d’opinion publique, c’est aussi une réalité alarmante. Les inondations actuelles dont on sait qu’elles alternent avec des canicules et sécheresses sont les effets tangibles et dramatiques de ce climat que nous déréglons.
Que dira la COP29 ? Toujours le même message : le monde n’est pas à la hauteur des objectifs que nous nous sommes donnés à Paris en 2015 lors de la COP21. En France, les travaux de planification écologique ont « chiffré » les efforts à faire secteur par secteur, mais ils n’ont pas, pour l’heure, donné le mode d’emploi pour y parvenir.
Deux des mesures les plus efficaces et qui ont fait consensus ces dernières années sont en panne : L’électrification des usages et la rénovation énergétique du bâtiment.
Une fatalité ? Non !
L’électrification des usages dans la mobilité, l’industrie et le logement ne peut se faire avec un prix de l’électricité aussi élevé. Pénalisée par des hausses de prix 4 à 5 fois supérieure à l’inflation, la consommation d’électricité a nettement baissé au cours des 10 dernières années. En 2024, elle sera inférieure à celle de 2004 alors même que la France a augmenté sa population de 10%. Pourquoi les français recourraient-ils à une énergie décarbonée en lieu et place d’une énergie fossile si la première est plus chère que la seconde. Il faut que le gouvernement accepte de renoncer à son projet de taxation de l’électricité. S’il n’en est pas convaincu au regard des enjeux climatiques, qu’il le fasse pour des raisons de souveraineté économique. En effet, chaque kWh électrique consommé en France, ce sont des euros conservés dans notre économie. Chaque kWh de gaz fossile ou de fioul consommé en France part presqu’exclusivement à l’étranger.
Second levier : la rénovation du logement. Est-il tabou de dire que ça ne marche pas ? Au rythme actuel, la rénovation du logement ancien du parc privé prendra des centaines d’années. Or, nous injectons des milliards d’euros dans cette politique. Qu’on le fasse pour le logement social, c’est un patrimoine quasi public, il est normal que cela soit nourri d’argent public. Qu’on le fasse dans le parc privé, c’est objectivement un puits sans fond. Un peu de benchmark permet pourtant d’entrevoir des solutions qui marchent dans d’autres pays. L’une d’entre elle, qui existe en Suisse et aux Etats-Unis, consiste à adosser la rénovation énergétique au logement et non au propriétaire. Expliquons cela par un exemple. Vous êtes propriétaire d’un logement ancien non rénové. Un établissement finance la rénovation. Le propriétaire ne rembourse à la banque que les intérêts (et une partie du capital s’il le souhaite), pour une mensualité modérée, par exemple autour de 150 euros. Le grand avantage de ce système est que le prêt est attaché au logement et donc sera remboursé par les propriétaires successifs sur la durée nécessaire pour amortir le montant important des travaux nécessaires, qui, sinon, sont hors de portée de la plupart des propriétaires mais aussi de finances publiques exsangues. C’est un peu comme si le logement poursuivait sa vie avec une charge de plus, comme d’autres charges induites, tels l’eau, l’assainissement, l’électricité, ou la taxe foncière.
Les banques sont gagnantes sur le long terme. Et à défaut d’un accord avec ces dernières dans l’immédiat, la Caisse des Dépôts pourrait amorcer la démarche. Il faudrait adapter le cadre législatif. A bien y regarder, prêter à la maison et non aux propriétaires serait une révolution des pratiques bancaires et des mentalités en France. Révolutionnaire peut-être, mais avec plus de chance de résultats que l’actuelle « pensée magique » qui consiste à répéter à l’envi qu’il faut rénover le logement sans dire réellement comment y parvenir.
Le coût ? Pour l’Etat, sans doute nul.
Nous pourrions concentrer l’argent public dédié à la rénovation sur le parc social et tertiaire des collectivités et de l’Etat.
Quant à l’électricité, c’est une énergie souveraine. A moyen et long terme, il ne peut y avoir que des bénéfices économiques.
Poursuivre l’électrification, faciliter la rénovation du logement… deux leviers clés pour le pouvoir d’achat et le climat.
Yann Wehrling
Vice-président de la Région Ile de France à la transition écologique
Ancien ambassadeur de France à l’environnement.
Monsieur Barnier, nous vous demandons de renoncer à la surtaxation de l’électricité
Lettre ouverte au Premier Ministre
Monsieur le Premier Ministre,
Nous, députés, parlementaires et élus de la République, vous écrivons pour vous demander de renoncer à la surtaxation de l’électricité envisagée dans le cadre du Projet de Loi de Finances (PLF) pour 2025.
En ce moment, se tient la COP29 sur le changement climatique. La décarbonation est une priorité et notre pays a un atout considérable pour être au rendez-vous de cet enjeu planétaire : notre mix électrique qui est un des plus décarboné de la planète. Pour atteindre nos objectifs de réduction des gaz à effet de serre, nous devons électrifier les usages, dans les transports, dans le logement, et dans l’industries. Or, cette électrification connaît un net ralentissement (les ventes de véhicules électriques ralentissent, et les commandes des pompes à chaleur chutent). La raison est assez évidente : le prix trop élevé de l’électricité. Il s’est traduit ces dernières années par une baisse de la consommation qui a pour corollaire, une frilosité légitime des Français à recourir à cette énergie devenue trop chère
A l’argument environnemental, s’ajoute l’argument social. Sur les 5,7 milliards d’euros de recettes nouvelles cherchées dans une augmentation de la pression fiscale sur les ménages, 3 milliards seront pris uniquement via cette hausse des taxes sur l’électricité, qui touche tous les Français, quels que soient leurs revenus. (Pour rappel, le prix de l’électricité a déjà augmenté 3 à 4 fois plus que l’inflation depuis 2012, la facture annuelle a augmenté de 44%, ce qui revient à près de 500 € de hausse en moyenne entre août 2022 et novembre 2024).
Nous partageons toutefois de l'urgence de rétablir l’équilibre des finances publiques. Par souci de responsabilité, nous proposons l’alternative suivante. Dans l’ensemble des dépenses dites « brunes », à savoir celles défavorables au climat et à la biodiversité, évaluée à quelques 20 milliards d’euros, constitue selon nous le réservoir prioritaire à explorer. Un passage de 20 à 17 milliards de cette enveloppe étant, selon nous, à la fois possible, et surtout souhaitable.
Les députés, sénateurs et élus :
Vincent Jeanbrun, député du Val de Marne
Yann Wehrling, vice-président de la Région Ile de France à la transition écologique.
Marie-Dominique Aeschlimann, sénatrice des Hauts de Seine
Hubert Dejean de la Baty, vice-président de la Région Normandie à la transition environnementale et énergétique.
Agnès Evren, sénatrice de Paris
Hubert Ott, député du Haut-Rhin
Richard Ramos, député du Loiret
Prisca Thevenot, députée des Hauts de Seine
Monsieur Bayrou, ne faites pas vos économies sur l’écologie.
Lettre ouverte publiée dans Libération le 19 février 2025.
Dans ce climat d’instabilité politique et de crise budgétaire, des voix s’élèvent, à raison, pour proposer des pistes d’amélioration du fonctionnement démocratique et des économies sur le budget du Pays. Parmi celles-ci, la rationalisation du fonctionnement des Etablissement publics portant sur l’environnement, voire la suppression de certains d’entre eux, est une idée qui progresse. Certains responsables politiques proposent par exemple la suppression de l’Office Français de Biodiversité ou de l’ADEME, l’agence de la Transition Ecologique.
“Rationaliser”, “économiser”, “rendre l’action publique plus efficace”, nous y sommes évidemment favorables. Nous devons néanmoins tout faire pour qu’un tel objectif n’aboutisse pas à une baisse de notre ambition environnementale.
Certes, l’ambiance générale n’est pas bonne. Guerre à l’est en Ukraine et au Moyen Orient, nouveau front à l’ouest avec les intentions agressives de Donald Trump, tensions au sur le continent africain, et menaces commerciales et économiques toujours fortes en provenance de la Chine... tout cela détourne fortement toutes les opinions publiques de la question environnementale. L’inquiétude grandit sur la fin du mois alors que la fin du monde devient secondaire. On peut le comprendre, mais dans le même temps, pas une semaine sans un accident climatique majeur : incendies en Californie, cyclone à Mayotte, inondations en Espagne, tempêtes sur le nord de l’Europe, et récemment encore incendies au Canada et en Australie. Sans oublier la biodiversité, dont l’érosion est plus discrète, mais dont les impacts sont et seront majeurs sur la sécurité alimentaire et un nombre incalculable de services gratuits rendus par la nature.
Dès lors, comment mieux organiser et coordonner l’action publique sans réduire notre ambition environnementale.
En France, nous avons la chance incroyable d’accueillir une diversité extrêmement importante de paysages, issus d’histoires géologiques variées. Des volcans éteints d’Auvergne, des volcans actifs en outre-mer, des pays côtiers océaniques ou marins, de vastes étendues de plaines ou des reliefs montagneux les plus élevés d’Europe. Et puisque notre histoire est ancienne, nos coutumes et nos cultures sont également variées. Une même question, qu’il s’agisse d’écologie mais pas seulement (développement économique, infrastructures, éducation, intégration sociale…) trouvera donc plusieurs réponses. Aucune ne sera meilleure que l’autre, mais chaque réponse ne sera efficace que si elle est adaptée au contexte régional particulier sur lequel elle se pose.
A bien y regarder, la plupart des politiques environnementales ont des particularités régionales fortes qui rendent obsolètes le modèle français d’une vision lointaine, uniforme et nationale. L’Etat n’a pas vocation à tout faire. Que les régions et les collectivités gèrent enfin et réellement les affaires locales. La nature, les forêts, le climat, les paysages, les typologies du bâti, sont radicalement différents du nord au sud de la France. Comme c’est le cas chez nos voisins européens, c’est aux régions de gérer la rénovation du bâti, la décarbonation des mobilités, ou la protection de la nature par exemple. Tous les projets écologiques d’envergure régionale devraient être gérés par les collectivités locales. Mais une expertise commune, neutre et sincère, centralisée, restera néanmoins nécessaire pour ne pas dupliquer inutilement les mêmes compétences sur chaque territoire.
La France est une grande nation, fière et unie. Mais c’est aussi l’addition d’une diversité de cultures, de paysages et d’histoires variées, qui nécessitent des réponses locales aux questions communes de développement et d’environnement. Il nous faut donc une France plus décentralisée, plus fédérale, pour être plus efficace et plus vivante.
Monsieur le Premier Ministre, vous êtes un girondin. Conduisez sans attendre cette révolution girondine tant attendue. Les élus locaux que nous sommes seront mobilisés pour vous y aider.
Yann Wehrling, vice-président de la région Ile-de-France en charge de la transition écologique,
François Werner, vice-président de la région Grand-Est en charge de la transition écologique et énergétique,
Hubert de La Batie, vice-président de la région Normandie en charge de la transition environnementale et énergétique
Roland Marion, conseiller régional des Pays-de-la-Loire, délégué à la transition écologique et énergétique
Agriculture et écologie sont compatibles.
Le Salon de l'Agriculture se termine aujourd'hui.
L'occasion de dire qu'il ne peut y avoir d'avenir dans l'opposition entre agriculture et écologie.
Nous avons souhaité montrer que des voies de dialogue et des actions sont possibles pour allier écologie et agriculture.
Les agriculteurs expriment depuis des mois leur malaise, l'écologie étant perçue comme une cause de leur colère.
Ne pas opposer agriculture et écologie est possible, à condition d'analyser les causes de cette colère. Les agriculteurs n'ont ni l'envie, ni l'intérêt de dégrader l'environnement mais leur rôle principal reste la production alimentaire.
On leur demande de protéger l'environnement. Dans leur grande majorité, ils n'y sont pas opposés, mais ce n'est pas leur métier.
Il est essentiel que notre agriculture soit plus responsable, qu'elle offre des produits sains et locaux tout en répondant aux défis environnementaux et sanitaires actuels. Cependant, les agriculteurs peinent à vivre de leur travail alors qu'ils sont responsables de nourrir la société. Mal rémunérés, confrontés à une surcharge administrative, accusés de surcroît d'être les ennemis de l'environnement, ils se découragent.
Si l'agriculture doit poursuivre sa transition écologique, cela doit se faire dans la recherche d'un intérêt commun.
Garantir des prix équitables
Un revenu garanti pour les agriculteurs est essentiel. Tant que leurs besoins ne sont pas satisfaits, les questions écologiques passeront au second plan. L'Etat doit garantir des prix équitables pour les produits agricoles et faire respecter la loi EGALIM avec la grande distribution.
Les consommateurs doivent comprendre que le premier geste en faveur de l'environnement passe par leurs achats quotidiens. Manger « pas cher » c'est dévaloriser les agriculteurs. L'impact d'un prix juste pour les ménages modestes peut être compensé par des chèques alimentaires.
L'agriculture française respecte des normes environnementales qui sont déjà parmi les meilleures du monde. Pour garantir la durabilité, il est crucial de cesser d'importer des produits non conformes à ces normes.
Le rôle des élus locaux
Les élus locaux ont un rôle majeur à jouer. La décentralisation de la politique agricole commune permettra d'adapter les mesures d'aides aux besoins spécifiques de chaque territoire. Sans dicter le modèle agricole à suivre, les collectivités peuvent organiser des filières pour une alimentation locale ou soutenir les investissements vers la maîtrise des intrants.
Quelques exemples positifs :
En Vendée, des communes rémunèrent des agriculteurs pour planter et entretenir des haies, contribuant à la biodiversité tout en fournissant du bois pour le chauffage communal.
En Seine-et-Marne, agriculteurs, chasseurs et associations environnementales collaborent pour protéger la biodiversité. Localisées grâce à des drones, des nichées sont contournées au moment des fauches de printemps, qui se multiplient notamment avec le développement des méthaniseurs.
De plus en plus d'agriculteurs produisent du gaz vert via des méthaniseurs, participant à la décarbonation du gaz de ville.
Un fonds carbone, France Carbone Agri, rémunère les agriculteurs pour leurs actions favorisant la captation de carbone, comme la plantation de haies et la couverture végétale permanente.
Innovations technologiques
Lier « captation carbone » et « agriculture », via des crédits carbones, va booster l'action en faveur des sols. Les sols contiennent près d'un quart de la biodiversité. Le sol est le capital vital pour chaque agriculteur.
Des innovations permettent de mieux maîtriser l'utilisation des intrants et de l'eau. Toute la transition écologique ne se résume pas à la technologie, mais c'est un volet du changement aux potentiels des plus prometteurs. Par exemple, la ferme innovante de La Brosse teste des drones pour surveiller les cultures, des capteurs pour réduire les besoins en eau, et des robots pour réduire l'usage des herbicides.
De nouvelles solutions sont aussi explorées pour lutter contre la jaunisse de la betterave, notamment via le biocontrôle, des filets anti-pucerons ou des variétés tolérantes. Ces recherches nécessitent du temps et des investissements, mais elles sont porteuses d'espoir.
Les Français et leurs agriculteurs doivent renforcer la confiance mutuelle. Les agriculteurs doivent comprendre les préoccupations de la société, car ils sont garants de nos paysages, de la qualité de notre alimentation et de notre eau.
Les Français doivent entendre à leur tour que leurs agriculteurs peuvent avoir les solutions, qu'ils sont les professionnels de ces sujets et que la recherche et les innovations engagées répondront, avec une fierté retrouvée, à ces défis communs.
L'agriculture et l'écologie ne sont pas incompatibles. Pour réussir cette transition écologique, avec une écoute active, des solutions positives sont possibles et beaucoup viendront du monde agricole lui-même.
Yann Wehrling est vice-président de la Région Ile-de-France à la transition écologique et président d'Ecologie Positive.
Jérôme Regnault est agriculteur et président de la Commission Agriculture de la Région Île-de-France.
La mobilisation des agriculteurs ne laisse personne indifférent.
Comment l’être en effet ?
Le métier d’agriculteur est juste essentiel car il nous nourrit tous. Je lisais ce matin sur un forum de discussion, le témoignage d’un agriculteur : « Je n'en peux plus d'être redevable à la société de faire un métier essentiel à sa subsistance ».
On oublie parfois l’essentiel. Quand le monde agricole dit à la société qu’il n’en peut plus, on ne peut pas juste dire « j’entends les messages et je comprends », il faut aussi répondre par des actes.
Le premier message auquel il faut répondre concrètement, c’est celui des revenus. Qu’un paysan ne puisse pas vivre de son travail est intolérable. Les neuf milliards d’euros de la PAC n’assurent pas le minimum vital pour tous les agriculteurs. C’est évidemment incompréhensible.
Il y a ce fonds européen, mais osons le dire, il y a aussi le prix de la nourriture. Quiconque va faire ses courses voit bien qu’il y a quelque chose qui ne marche pas. La grande distribution se vante de pratiquer des prix bas sur toute une série de produits de première nécessité. Mais on le sait bien, c’est au détriment des agriculteurs.
Acheter de la nourriture de base : fruits, légumes, laitages, viande ou poisson à des prix bas plait évidemment aux consommateurs que nous sommes, mais le revers de la médaille c’est la trop faible rémunération des producteurs de nos territoires. Et dans le détail, voir que les fruits et légumes de saison produits près de chez nous sont souvent plus chers que la viande et le poisson, ou les produits transformés ou importés de l'autre bout de la planète est ahurissant. Le discours général, notamment du côté des sphères politiques, est à contenir l’inflation. Et donc tout discours sur l’augmentation des prix des aliments est jugée « inentendable » auprès des français. Mais n’est-ce pas aussi, de temps en temps, aux responsables politiques de dire la vérité face à toutes les démagogies. La part des aliments dans le budget moyen des français est passée de 30% à 17% au cours des 60 dernières années au profit de la communication, des loisirs, du logement et transports. On ne paie pas le bon prix des aliments, notamment les produits frais, locaux et non transformés. Payer le bon prix doit bien évidemment nous inviter à renforcer les chèques alimentaires pour les ménages les plus modestes. La loi Egalim devait corriger les choses et faire en sorte que les agriculteurs vendent à un prix qui couvre le coût de production. Les sanctions annoncées par le Premier Ministre sont dès lors les bienvenues. Attendons de voir leur effet.
Autre sujet de mécontentement : les tracasseries administratives. Quand un métier essentiel croule sous les règlementations alors qu’il n’arrive plus à vivre, difficile de lui demander de penser à la planète. Lorsque vous devez déjà dans votre quotidien rembourser vos dettes, gérer le stress de perdre une aide ou avoir du jour en lendemain de nouvelles contraintes administratives, vous n’avez plus le temps pour le reste et finalement pour l’essentiel. Les élus que nous sommes, de tout bord, doivent non plus seulement entendre, mais aussi sonder et changer en profondeur cet Etat et sa bureaucratie qui s’est construite de manière kafkaïenne sans réellement en avoir eu la commande, sans que personne n’ait réellement voulu cela. Ce grand « anonyme inhumain », tout puissant, peut faire mourir une exploitation en différant le paiement des subventions. Là encore, les nombreuses simplifications annoncées par le Premier Ministre étaient attendues. Y aura-t-il d’autres simplifications à prévoir ?… on devine que oui.
Dernier sujet de mécontentement et pas des moindres pour l’écologiste que je suis : la question environnementale. Elle est largement mise en avant dans cette colère même si je veux entendre aussi nombre d’agriculteurs qui disent que le problème est moins l’objectif que la manière de procéder. En tant qu’écologiste, je serais évidemment inquiet d’une remise en cause des actions environnementales que nous avons mises en place. Les rapports scientifiques sont malheureusement très clairs sur les impacts que nous devons corriger. Ne soyons pas sourds. Je comprends toutefois que nous nous sommes employés à faire de ces démarches environnementales un véritable enfer pour de trop nombreux agriculteurs. Les agriculteurs ne se lèvent pas le matin pour porter atteinte à l’environnement dont est directement issu le fruit de leur travail. Beaucoup d’entre eux cherchent quotidiennement à réduire cet impact. Certains ont fait le choix du bio et ils se sont retrouvés ces derniers mois dans de grandes difficultés. Il était pour le moins impératif de leur apporter un soutien d’urgence comme l’a annoncé le Premier Ministre. Plus globalement, il est temps de cesser d’opposer « agriculture et écologie ». Personne n’est gagnant, pas plus les agriculteurs que les écologistes. Alors oui, simplifions et repensons la manière d’avancer avec pragmatisme en écoutant d’abord les capacités de chaque agriculteur à pouvoir progresser dans les démarches environnementales. Si des normes européennes sont décidées, sauf à vouloir sciemment mettre en danger leur mise en œuvre, pourquoi « sur-transposer » ? Je suis pour être ambitieux dans le respect de la planète, mais je ne suis pas non plus pour aller trop vite si in fine le résultat est le recul ou la stagnation.
Ajoutons sur ce sujet environnemental qu’il est entendable de ne pas interdire sans solution. Cela veut dire que quand une interdiction est envisagée à une échéance de 5 à 10 ans, il est intolérable d’apprendre qu’aucun moyen – ou si peu – n’a été mis pour trouver des solutions de remplacement. Investir dans la recherche ne doit pas – là non plus – n’être que des mots et des promesses en l’air. Ce sont des montants à poser sur la table pour financer des recherches et des expérimentations. La Région Ile de France a financé de la recherche qui a permis de mettre sur le marché des variétés de betteraves sucrières résistantes à la jaunisse. Quand on y met les moyens, on trouve.
Enfin, il y a le sujet « international ». Le constat est que nous demandons à nos agriculteurs de respecter des normes environnementales dans leurs productions. Et dans le même temps, nous tolérons des importations de denrées agricoles qui sont produites sur d’autres continents et qui ne respectent pas nos normes. C’est évidemment aussi hypocrite qu’inacceptable. La logique européenne de réduction de certaines productions alimentaires en acceptant les importations me fait penser à la désindustrialisation programmée il y a quelques décennies et sur laquelle nous tentons aujourd’hui difficilement de revenir. Produire selon des normes environnementales et sociales est absolument nécessaire. Mais si cela s’avère difficile, comment accepter d’y renoncer et de faire venir d’ailleurs ce que nous ne voulons plus produire ? L’écologie pragmatique à laquelle je crois est celle qui accepte de produire et consommer imparfaitement chez nous plutôt que fermer les yeux sur les productions sales faites ailleurs et que nous importons. Cela implique donc de changer de doctrine au niveau européen, doctrine qui est très imprégnée d’une logique de libre échange le plus large possible. Mais ce marché mondial libre ne marche que s’il est « non faussé ». Non faussé veut dire que nous devons protéger nos productions qui sont soumises à des règlementations qui ne s’appliquent pas ailleurs. Ainsi, c’est évidemment une bonne chose de mettre son veto à la signature du traité de libre-échange avec l’Amérique du Sud, dit Mercosur. Mais il faudra aller plus loin. Ce n’est pas un gros mot que de « filtrer » nos importations et leur appliquer des rééquilibrages douaniers pour remettre de la justice dans les prix des produits qui n’ont pas appliqué nos normes environnementales et sociales. Ainsi devrait-il en être prioritairement sur les produits alimentaires qui ne sont pas des produits comme les autres. Nous avons commencé à le faire avec les dispositions de la « taxe carbone aux frontières » ou des dispositions relatives à la « déforestation tropicale importée ».
Dans l’esprit, ce sont deux politiques européennes nouvelles qui sont les premiers pas d’une régulation environnementale et sociale du marché libre et mondial auquel l’Union Européenne (et le monde) tient.
C’est un combat européen que nous aurons à porter dans la prochaine législature à l’issue des élections européennes.
un Parti écologiste en dialogue
avec le monde de l’entreprise
Le Mouvement pour une Ecologie Positive souhaite ouvrir le dialogue avec les acteurs économiques. Pour le MEP, la transition environnementale n’est pas seulement affaire de réglementations, européennes ou nationales, appliquées par des Administrations et imposées d’en haut. Il s’agit d’associer les entrepreneurs à la mobilisation pour une société plus écologique. C’est pour nous un gage d’efficacité concrète et la manifestation de notre confiance dans les capacités de la société à innover, à progresser ensemble. De nombreuses initiatives, sous nos yeux, contribuent déjà à créer le monde durable d’aujourd’hui et de demain. Nous souhaitons écouter, échanger, intégrer les problématiques économiques dans un nouveau discours écologique, réaliste et optimiste, en un mot : positif.
1 - Un engagement résolu pour le dialogue avec les entreprises, actrices économiques de la transition écologique
Comment articuler un discours ambitieux sur la transition énergétique en ignorant les problématiques des acteurs les plus capables de contribuer à l’atteinte de la neutralité carbone ? Cette contradiction mène inévitablement à ne relever que ce qui ne va pas, mais ne dégage aucune perspective ni aucune démarche constructive.
Mobiliser, fédérer et mettre en valeur les entreprises et les entrepreneurs qui empruntent un chemin de progrès environnemental est notre objectif. Les acteurs économiques engagés dans la transition environnementale détiennent un capital technique et une expérience de terrain qui permettent de valider des solutions concrètes.
Écouter, s’intéresser aux difficultés et enjeux des transformations en cours dans l’industrie, aux hommes et femmes qui les conduisent au sein des entreprises de secteurs et de tailles variées, est une démarche que le MEP veut résolument engager.
La recherche d’objectifs environnementaux, de bilans d’étape réfléchis et partagés avec l’industrie peut et doit émerger, sans naïveté vis-à-vis des discours « greenwashing » tenus par certaines organisations Engager le dialogue permettra de proposer une politique positive et crédible, car soutenue potentiellement par ceux qui détiennent les clés du problème. Cette démarche est rendue nécessaire par le contexte d’urgence climatique. Les propositions à venir, portées par le MEP dans l’espace politique, seront inspirées par ce dialogue et la volonté d’encourager ceux qui, acteurs économiques ou citoyens, font progresser la société dans la transition environnementale.
2- Prise en compte de la diversité du monde de l’entreprise, dialogue, principe de confiance partagée avec l’entrepreneur
Certains secteurs sont particulièrement concernés
par la transition écologique
: énergie, transport, agriculture, par exemple. Le Mouvement pour une Écologie Positive propose de porter une attention particulière aux problématiques spécifiques à ces secteurs clés.
L’identification d’initiatives entrepreneuriales en lien avec la transition écologique au sein de celles-ci constitue une priorité pour le MEP. Elles peuvent être le fait de PME comme de très grandes entreprises. Cette diversité des secteurs d’activités et des effets de taille est potentiellement créatrice de différences d’approche et de priorités, voire même d’intérêts contraires. Telle est la réalité à laquelle se heurte inévitablement une démarche politique, au noble sens du terme, en matière écologique. C’est une raison supplémentaire pour renforcer l’écoute, l’adaptation au terrain, aux réalités.
Certains entrepreneurs prennent des initiatives assorties de risques financiers, dans un univers technologique et règlementaire souvent incertain. Le secteur du transport maritime de conteneurs, emblématique d’une globalisation économique générant de la pollution, en constitue un exemple frappant. Des initiatives privées existent en France pour lancer de nouveaux navires équipés de voiles, afin de réduire l’empreinte carbone de ce secteur. Ces solutions innovantes cherchent des financements auprès d’investisseurs ou clients-chargeurs intéressés par la transition écologique. Et finalement, de très grandes entreprises s’engagent, soutiennent ces initiatives, parce qu’elles souhaitent aussi améliorer leur bilan carbone, ou par souci d’image auprès de leurs propres clients. Qui pourrait s’en plaindre ? Nous voulons les soutenir et les encourager.
Nous voulons réintroduire la dimension humaine, la confiance faite aux initiatives du terrain, en écartant la tentation de la réglementation technocratique impérative, centralisatrice et généralisée, dont le monde économique est saturé. Des indicateurs de performance environnementale, sans doute perfectibles, existent et ont été intégrés, déjà, dans certains secteurs industriels. Certains jouent déjà un rôle significatif dans la rémunération variable des plus hauts dirigeants de grands groupes. Voilà qui est inattendu pour beaucoup et mérite d’être souligné. La voie de l’incitation privée constitue un levier pour accompagner l’Écologie Positive et la développer.
Intégrer le réalisme économique dans le dialogue avec les entreprises est la seule voie crédible et sérieuse. L’urgence écologique nous presse d’agir vite et bien, mais tout n’est pas possible tout de suite. Des sources d’énergie pallient certains écueils mais présentent aussi des inconvénients. Il peut parfois être raisonnable de préférer, pendant une période donnée, une transition vers une énergie renouvelable par le recours à une énergie moins polluante, même si elle n’est pas une solution parfaite. Intégrer le temps de l’émergence de technologies nouvelles peut impliquer des compromis temporaires (avec pourquoi pas des marqueurs ou labels distincts de ceux attribués aux solutions plus réellement vertes). C’est très souvent le choix auquel les entreprises sont contraintes. Là encore, il faut dialoguer et encourager le pas qui va dans la bonne direction.
3 - Le cas des entreprises coopératives de l’économie sociale et solidaire
Les entrepreneurs de l’économie sociale et solidaire qui œuvrent pour favoriser la transition écologique
méritent une attention, et certainement, un soutien tout particulier. On les trouve dans pratiquement tous les domaines clés : transport, énergie, télécommunications, fonds d’investissement… Ces entreprises peuvent être viables, avec des modèles économiques équilibrés, bien qu’avec des bénéfices moins élevés que les sociétés organisées sur le modèle classique. Elles représenteraient aujourd’hui 10% du PIB, ce qui est loin d’être négligeable.
Ce modèle économique nouveau,
fait de renoncement à la consommation frénétique et à une transformation de la culture économique permet de créer de la valeur sociale et écologique, par exemple en consommant moins d’énergie, ou en incitant au partage des moyens de transport.
Mais aussi, et c’est loin d’être anodin, ce modèle propose du sens au travail, aux écosystèmes de clients et fournisseurs, à la société tout entière.
Enfin, ce modèle coopératif est démocratique et permet aux sociétaires de participer aux décisions collectives sur la base une personne, une voix.
Ces entrepreneurs innovants contribuent concrètement à une transformation écologique positive, démocratique et sociale. Il y a donc tout lieu de créer un lien particulier avec ces chefs d’entreprise, de s’inspirer des modèles qui ont fait leurs preuves pour élaborer des propositions politiques susceptibles de favoriser leur réussite, dans l’intérêt général.
4 -
L’Université d’été à Sainte-Adresse : accueillir les entrepreneurs et engager le dialogue Ecologie-Industrie
En septembre 2023, le Mouvement pour une Ecologie Positive tiendra sa première Université d’Eté à Sainte-Adresse. Cette commune, située en bord de mer, est limitrophe du Havre, dans une agglomération et un département, la Seine-Maritime, qui comptent parmi les plus industrialisés de France. Total, Exxon, Renault, Safran, Lubrisol, pour ne citer que quelques entreprises, ont des implantations industrielles dans la vallée de la Seine, à proximité immédiate. Les plus grands porte-conteneurs du monde, en provenance ou à destination d’Asie ou d’Amérique, entrent chaque jour dans le port, ou en sortent. De même, de gigantesques navires de croisière et des bateaux de pêche y sont présents au quotidien. L’industrie logistique y est très active, avec des mouvements de camions, de trains, de barges. HAROPA, l’établissement portuaire regroupant Le Havre, Rouen et Paris, a pour mission de développer l’économie industrielle, maritime, logistique et portuaire (au sens large) de Paris au Havre, notamment par la mobilisation de surfaces supplémentaires en bord de Seine et en redynamisant le transport fluvial. C’est une superbe occasion pour le MEP, d’échanger avec le monde de l’industrie.
Osons ce dialogue. Le MEP et la société ont tout à y gagner.
La politique énergétique de la France
La politique énergétique de la France est entrée dans une période de doute et d’instabilité. L’envolée des prix a rendu cet enjeu urgent.
L’urgence écologique était déjà présente avec les accords de Paris qui nous pressent de décarboner nos besoins énergétiques. L’urgence économique nous rappelle chaque année que le gaz et le pétrole achetés à l’étranger pèsent très lourd dans le déficit de la balance commerciale du pays et mettent à mal notre souveraineté. Désormais, la facture énergétique insoutenable pour tout un chacun génère une urgence sociale.
S’il était impossible d’anticiper la crise ukrainienne et ses conséquences sur le gaz russe, nous savons tous que plusieurs actions auraient pu être conduites de manière plus responsable, dès avant la crise ukrainienne. Notre pays a pris du retard, que ce soit sur le sujet de l’énergie nucléaire, sur le déploiement des énergies renouvelables ou plus encore sur la sobriété énergétique qui, il y a deux ans, était loin de faire le consensus politique que nous connaissons aujourd’hui.
Pour autant, force est de constater que la politique actuellement menée par le gouvernement manque singulièrement de logique et de lisibilité. En effet, le premier acte du gouvernement fut de mettre au débat et aux voix au Parlement une loi d’accélération de l’éolien et du solaire. Le gouvernement enchaîne sur une loi d’accélération du nucléaire. Enfin, la PPE (programmation pluriannuelle de l’énergie) conclura le processus. Le tout conduit en parallèle d’un processus réglementaire de débat public conduit par la CNDP (Commission Nationale du Débat Public).
L’ordre logique eut été de procéder très exactement de manière inverse. Lancer le débat public, commencer par une programmation pluriannuelle qui donne à la fois le cap et flèche les obstacles à lever, puis, en fonction du débat et de la PPE, en déduire les besoins législatifs nouveaux. D’ailleurs, sur ces besoins de lois, arrêtons de penser qu’il en faut nécessairement pour tout. Sortons de cette logique qu’une politique ne saurait se conduire sans loi. L’arsenal réglementaire, souvent, nous l’avons déjà. Parfois, pour avancer, il est même préférable de simplifier et supprimer des textes que d’en créer de nouveaux.
Et en admettant qu’il nous faut des lois pour mettre en œuvre notre politique énergétique, là encore, l’ordre dans lequel les choses sont faites interroge.
Selon nous,
la priorité numéro 1 aurait dû être la sobriété énergétique. Et constatons que c’est un enjeu majeur de la politique énergétique pour lequel le gouvernement n’a pas jugé utile de proposer une loi. Pour nous, une loi « sobriété énergétique » aurait eu au moins autant de sens, sinon plus, que les lois ENR et nucléaire. Débattre de la sobriété eut été l’occasion de remettre à plat, par exemple, la très embourbée politique de rénovation énergétique du bâtiment. Les études et rapports qui mettent en doute l’efficacité de ce qui est conduit aujourd’hui se multiplient. Pour autant, le gouvernement poursuit les dispositifs et réglementations en cours sans questionner leur efficacité au regard de ce pour quoi elles ont été imaginées : réduire les consommations énergétiques et nos émissions de GES du secteur du bâtiment.
Priorité numéro 2
: le développement des énergies renouvelables. L’éolien et le solaire certes, mais pourquoi n’avoir traité, dans la loi, que ces deux énergies ? Quid de la méthanisation et des perspectives énormes liées à la biomasse ? Quid de la géothermie profonde et encore plus de la géothermie de surface qui démontrent chaque jour un peu plus leurs très grands potentiels ? Quid de l’autoconsommation partagée et la récupération de chaleur fatale ? Le développement des énergies renouvelables est absolument indispensable et la loi récemment adoptée – malgré son calendrier d’adoption – est évidemment la bienvenue. Pour autant, nous ne devons pas éluder les objections qui naissent un peu partout dans le pays et auxquelles il faut répondre. Les dispositifs prévus d’intéressement sur la facture énergétique des habitants à proximité des installations doivent être généralisés.
Enfin,
troisième priorité : le nucléaire dans notre mix énergétique. Nous ne considérons pas l’énergie nucléaire comme une énergie parfaite de la même manière que nous ne pouvons que constater que les énergies renouvelables ne sont pas non plus dénuées de défauts. L’énergie nucléaire reste une énergie qui revêt un risque majeur malheureusement illustré par deux fois dans l’histoire (Tchernobyl et Fukushima) et que la question des déchets reste toujours sans réponse satisfaisante. De même, les longs délais de construction de nouveaux réacteurs ne permettront pas de répondre à la crise énergétique du moment. Enfin, le GIEC estime que le nucléaire ne répondra aux enjeux climatiques que pour une part modeste à l’échelle mondiale. Pour autant, nous estimons que l’énergie nucléaire est préférable à toutes les formes d’énergies carbonées (pétrole, gaz, charbon) et que dans une logique de décarbonation massive voulue par les accords de Paris, beaucoup d’usages devront être électrifiés dans les années et décennies futures. Face à cela, la France, dont la production électrique repose à ce jour très majoritairement sur le nucléaire, ne saurait se passer de l’énergie nucléaire à court ni moyen terme.
Quelle que soit la source d’énergie utilisée, nous tenons beaucoup également à une totale prise en compte des impacts sur la biodiversité. Rien ne serait pire que d’opposer climat et biodiversité. Ce serait un non sens. Or, la loi a maintenu les dispositifs pouvant déroger à la protection des espèces protégées. C’était une erreur qui, souhaitons-le, n’aura pas d’applications dans la réalité du développement de projets futurs.
En résumé, pour nous, la politique énergétique de la France, construite en pleine coordination avec les Etats membres de l’UE et organisée dans le cadre d’une programmation pluriannuelle de l’énergie, doit être basée sur un triptyque constitué de la sobriété énergétique, du développement des ENR, et de la rénovation du nucléaire, dans cet ordre de priorité.
Position issue d’un débat conduit lors du dernier conseil national du mouvement réuni le 3 février 2023.
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Les COPs, et la COP15 biodiversité...
Les COPs (Convention des Parties), qu'est-ce que c'est ? A quoi ça sert ? Qu'attendre de la COP15 biodiversité ?
Réunion de la convention CITES – la protection des espèces à l’agenda international.
Protégeons les espèces, au niveau mondial
et en France.
Communiqué de presse du 12 novembre 2022
Alors que le convention climat se réunit en Egypte et que la convention Biodiversité se réunira en décembre à Montréal, s’ouvre ce lundi 14 novembre la Convention CITES dédiée au commerce des espèces animales et végétales.
- La France doit défendre au niveau mondial l’interdiction totale de la chasse des éléphants d’Afrique, ainsi que le classement à la CITES des hippopotames et du rhinocéros blanc.
- a Nous demandons que la France interdise l’importation de toute viande de brousse (viande d’animaux sauvages souvent protégés, et possiblement porteuse de zoonoses telles que la COVID). Cette viande arrive quotidiennement sur notre territoire via l’aéroport de Roissy.
- a Nous demandons aussi l’exemplarité en supprimant dans les lois portant sur les énergies renouvelables et sur les EPR les dispositions permettant la destruction d’espèces protégées.
Le commerce mondial des espèces, régi par la CITES, est l’occasion de rappeler que le trafic illégal des espèces est aussi florissant que le trafic des armes, de drogue et des êtres humains. Il alimente des réseaux mafieux et terroristes parmi les plus puissants.
La France a historiquement été parmi les pays du monde les plus exigeant en demandant lors de chaque convention CITES une protection maximale pour les espèces les plus menacées. Elle a notamment été parmi les Etats demandant une protection la plus forte possible pour les éléphants d’Afrique. En tant qu’ambassadeur à l’environnement, Yann Wehrling avait obtenu, lors de la dernière convention CITES, l’interdiction de la chasse aux éléphanteaux qui, jusqu’alors, alimentait les zoos dans le monde entier. Nous appelons de nos vœux que, pour cette nouvelle Convention, la France conserve cette position militante et apporte son soutien à toutes les nouvelles demandes de classement, notamment pour le classement des éléphants, des hippopotames et du rhinocéros blanc.
Le trafic des espèces, c’est aussi celui portant sur la consommation de viande de brousse. Cette convention est l’occasion de rappeler que ce trafic s’invite tous les jours en France. En effet, chaque matin, aux douanes à Roissy, ce sont des centaines de kilos de viandes de brousse qui sont interceptées, souvent dans des conditions sanitaires déplorables. Il s’agit de viandes issues d’animaux chassés en milieu sauvage en Afrique, provenant d’espèces qui, pour beaucoup, sont protégées au titre de la CITES. De plus, on le sait maintenant avec certitude, ces prélèvements dans la nature sont possiblement vecteurs de germes et pathogènes, tels que la COVID. Nous invitons le gouvernement français à interdire l’arrivée sur son territoire de viande de brousse et à construire des mesures barrières au niveau européen.
Enfin, nous rappelons que s’il est utile et nécessaire qu’un pays comme le nôtre soit courageux en ambitieux à l’échelle internationale, il ne pourrait avoir une attitude peu exemplaire chez lui. Ainsi, les lois d’accélération des énergies renouvelables et des EPR doivent impérativement être modifiées pour ne plus contenir les dispositions permettant de détruire des espèces protégées.
Yann Wehrling
Président des Ecolos
Ancien ambassadeur de France à l’environnement.
Communiqué de presse du 5 novembre 2022
Projets de loi pour accélérer les ENR et les EPR.
Des objectifs généraux louables, une méthode confuse, des manques criants, et des inquiétudes fortes sur la biodiversité.
Le projet de loi pour accélérer les énergies renouvelables est examiné en séance à partir de ce mercredi au Sénat, tandis qu’en Conseil des Ministres est présenté le projet de loi visant à accélérer la construction de nouvelles installations nucléaires à proximité de sites nucléaires existants.
Sur la forme
Pourquoi deux lois pour un seul et même sujet : l’énergie. Une loi ENR pour chercher les voix de la Nupes et une loi nucléaire pour chercher les voix LR ? La ficelle est un peu grosse.
Par ailleurs, le calendrier est surprenant et donne un sentiment de confusion. Le débat public sur la construction de nouveaux réacteurs nucléaires est en cours au sein de la CNDP et se terminera en février 2023. Une concertation nationale sur le mix énergétique est également en cours et doit s’achever en fin d’année. Un débat au Parlement sur la politique énergétique globale de la France, à savoir un projet de loi sur la programmation pluriannuelle de l’énergie, aurait été un préalable bienvenu. Ce débat en amont aurait permis de déduire les nécessités (ou pas) de légiférer sur tel ou tel mode de production, voire sur les moyens à développer pour également accélérer sobriété et efficacité énergétique, deux grands oubliés des textes en discussion.
Sur le fond
Nous partageons l’objectif qui est d’augmenter la production d’énergie décarbonée en France, tournant le dos à des années d’hésitations entre nucléaire et ENR, hésitations qui nous ont conduit dans la situation catastrophique dans laquelle nous nous retrouvons, à la fois sans nucléaire, et sans ENR en quantité suffisante pour répondre à nos besoins. Il y a urgence en effet, pour le climat, pour nos finances, pour notre industrie, et urgence pour tous les Français qui risquent la coupure de courant. La France risque 26 heures de délestage, contre 6 heures en Irlande ; les autres pays européens – à l’exception de Malte et Chypre – présentant un risque nul ou inférieur à une heure).
Le texte sur les énergies renouvelables propose une simplification pour
gagner du temps sur le raccordement
(disposition qu’on aurait pu étendre au biogaz). C’est la seule mesure qui permet de véritablement accélérer, le reste du texte étant malheureusement, comme souvent dans les lois, du bavardage.
Pour le solaire, imposer l'équipement des parkings extérieurs existants en ombrières photovoltaïques est une excellente proposition sous réserve de ne pas en faire une obligation dans des secteurs dont il faut préserver l’esthétique. A ce titre, nous plaidons pour une focalisation sur les plateformes logistiques et les zones commerciales dont les parkings (et aussi les toitures) constituent un potentiel énorme à saturer en priorité. On attendait également quelques assouplissements quant aux aides des collectivités publiques aujourd’hui interdites.
Au chapitre des incompréhensions que suscitent ces textes,
pourquoi ne traitent-ils pas des énergies les plus importantes pour décarboner notre mix énergétique ? La France bénéficie d’un mix électrique parmi les plus décarbonés au monde mais, comme beaucoup d’autres, notre pays reste prisonnier des fossiles pour
se chauffer et se transporter, usages qui représentent respectivement 42 % et 30 % de l’énergie utilisée en France. Alors que la France importe 99 % de son gaz naturel, dont, il y a encore peu, 17 % de la Russie, favorisons le développement du gaz renouvelable sous toutes ses formes
grâce aux méthaniseurs agricoles et de biodéchets, mais aussi en équipant les stations d’épuration et les décharges. Il semblerait également judicieux de passer à 20 % notre objectif de consommation de gaz renouvelable à horizon 2030.
Nous partageons l’accent nouveau mis, pour l’adoption en séance publique au Sénat, sur
la planification régionale. Nous l’attendions en amont de ces propositions d’accélération.
Toutes les DREAL et toutes les régions, avec l’accord des collectivités concernées, devraient contribuer à faire ressortir les meilleures zones. Idem pour l’éolien en mer où il suffirait que l’administration travaille à la maille territoriale main dans la main avec des experts de la biodiversité et des réseaux électriques pour identifier les bonnes zones d’implantation..
Quant au nucléaire, le texte proposé est un petit texte d’intendance qui ne s’attaque pas à l’épineuse
question du financement de ces nouvelles installations. La construction des nouvelles capacités à proximité immédiate des sites existants semble logique mais là encore, fallait-il des articles de loi pour cela ?
Très préoccupante est l’intention de mettre à mal la biodiversité au motif qu’elle serait un frein au développement des ENR et du nucléaire.
Les textes prévoient la dérogation au principe d’interdiction d’atteinte aux espèces protégées et à leur habitat. Cette disposition est éclairante quant à l’état d’esprit dans lequel le gouvernement considère la transition écologique, en opposant les enjeux climatiques aux enjeux de biodiversité. Telle n’est évidemment pas notre vision. L’un et l’autre ont les mêmes causes, le changement climatique accélère la perte de biodiversité et la perte de biodiversité accélère le changement climatique. Ces enjeux doivent être traités ensemble. Nous reprenons à notre compte un élément de la conclusion du Conseil national de la protection de la nature dans son avis rendu en septembre dernier au sujet de ces textes, à savoir que “ la biodiversité et les mesures environnementales sont considérées comme des obstacles alors même qu’elles participent de la lutte contre le changement climatique”. La solution pour accélérer le déploiement des énergies renouvelables, ce n’est pas de baisser les exigences environnementales, mais c’est de proposer de meilleurs projets.
Si les impacts sont moindres, l’opposition et les contentieux le seront aussi..
communiqué de presse du 21 octobre 2022
Réaction aux annonces de la Première Ministre relative à la planification écologique.
France Nation Verte,
nous avons envie d’y croire… mais…
La Première Ministre n’a sommes toutes rien annoncé que nous ne savions déjà. Et à ce stade, plusieurs mois après sa nomination, ce gouvernement reste dans la situation d’afficher une ambition forte que nous ne pouvons que saluer, mais sa traduction opérationnelle se résume pour l’heure à des questions d’ « organisation interne » et de « méthode », peut-être nécessaire, mais nous laisse dans l’attente de voir des premiers résultats avant de juger.
Pour autant, cette organisation et cette méthode interpellent par leurs complexités. Pas moins de 10 lieux de décisions pour mener à bien la transition écologique. Un Président de la République dont on sait que les équipes constituent plus que par le passé un gouvernement bis, notamment sur la question de la transition écologique. Une Première Ministre qui prend en charge la planification écologique et se dote d’un secrétariat chargé de la planification, et pas moins de 8 ministres, ministres délégués et secrétaires d’Etat dans le giron de la transition écologique. Sans oublier le Conseil National de la Refondation qui s’est lui aussi mis en action pour porter la transition écologique. En tout, près de 11 différents lieux de décisions, chacun flanqués de cabinets et d’équipes.
On pourrait, à première vue, se dire qu’une telle « armée » fait « force de frappe ». Le danger réside évidemment dans une complexité qui peut finir en ankylose et en paralysie.
En cuisine, une recette complexe avec beaucoup d’étapes et beaucoup d’ingrédients, peut aboutir en un met exquis ou en mauvaise mayonnaise.
Par le passé, l’architecture qui avait été la plus efficiente était celle d’un Ministre de l’écologie, fort, numéro deux du gouvernement, avec un portefeuille très large. C’était l’époque du Grenelle de l’environnement qui aura, in fine, au cours des 20 dernières années, été la seule action de poids en matière d’écologie. Toujours tout réinventer n’est pas nécessairement la meilleure méthode quand on peut apprendre du passé (ou des voisins).
Par dessus tout, la réalité des décisions prises au quotidien sera surdéterminante du jugement que nous pourrons porter sur l’action environnementale de ce gouvernement. Car, si pendant que la planification écologique est mise en place avec ambition et détermination, la réalité des décisions, quasiment exclusivement orientée sur la question du climat, semble ignorer totalement les enjeux liés à la biodiversité, et en effet, les récentes décisions revient à porter atteinte, par exemple, à la protection des espèces (arrêtés autorisant la chasse d’espèces protégées, loi d’accélération des ENR ouvrant la possibilité de déroger à la protection des espèces, vote du groupe Renaissance au Parlement européen en faveur de méthodes de pêche parmi les plus destructrices de la faune marine, budget biodiversité dans le PLF récemment adopté représentant 0,04% du budget total du seul ministère de l’écologie, abattage massif dans les Alpes d’espèces pourtant inscrite dans la liste rouge de l’UICN, …) .
Donnons sa chance à cet élan, mais ne perdons pas de vue la nécessité d’une action immédiate dont on attend qu’elle concrétise et illustre l’intention générale.
communiqué de presse du 17 octobre 2022
Le projet de loi de finance, ...vert ?
En premier lieu, félicitons-nous d’un projet de loi de finance qui donne à la transition écologique une place non négligeable.
Quelques remarques et améliorations à nos yeux :
1- le travail d’identification des dépenses néfastes pour le climat et la nature reste à faire. Sans doute quelques 10 milliards de dépenses publiques que le gouvernement serait bien inspiré de faire disparaître progressivement.
2- Le fonds vert de 1,5 milliards d’euros est évidemment le bienvenu. Toutefois, annoncé uniquement dans cet exercice budgétaire, il aurait mérité d’être annoncé comme un fond pérennisé sur le long terme. Par ailleurs, destiné aux projets des collectivités locales, il reste à la main des préfets et l’occasion aurait été belle d’en faire un outil de contractualisation renforcé du financement de la transition écologique des collectivités locales en leur déléguant directement ces fonds. En l’état, ce fond dissimule mal son
3- Le GIEC préconise que la lutte contre le changement climatique mobilise dans chaque pays 1% du PIB. Ce serait 25 milliards d’euros par an. Est-ce le cas dans le PLF 2023 ? L’affichage ne permet pas de l’estimer clairement s’il s’agissait d’isoler les dépenses réellement dévolues à la décarbonation de notre pays. Ce montant de 25 milliards, certes élevé, qui serait essentiellement dévolu à de l’investissement portant sur le long terme est à mettre en regard des 45 milliards du bouclier énergétique, qui, lui, quoiqu’indispensable socialement, porte sur une dépense de fonctionnement qui, est, avouons-le, peu écologique dès lors qu’elle constitue dans les faits, un soutien à l’usage d’énergie fossile.
4- Vraie déception par contre : le budget consacré à la biodiversité et, en particulier au financement de « la stratégie nationale biodiversité » affichée à hauteur de 150 millions d’euros, soit moins de 0,5% du budget total du Ministère de la transition écologie et de la cohésion des territoires !
Enfin, ce budget 2023, doit nous conduire à un impératif qui concerne la dépense publique dans son ensemble, et elle est cruciale dans le champs environnemental : celui de l’évaluation. Chaque euro dépensé est-il efficace et utile pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre et est-il bénéfique pour la nature. Cette évaluation de l’efficience environnementale de la dépense publique, nous en avons besoin pour décider mieux, prioriser dans un contexte de dette qui explose, et c’est un devoir de redevabilité envers les contribuables. Nous invitons instamment l’Etat à se doter d’outils d’évaluation simple et compréhensibles, tant pour la dépense de l’Etat que pour la dépense des collectivités publiques.
TRIBUNE de fondation du Parti, publiée dans le Journal du Dimanche le 27 septembre 2022
Plusieurs personnalités politiques dont Yann Wehrling, ancien ambassadeur à l’environnement, Florence Portelli et Vincent Jeanbrun, proches de Valérie Pécresse, et l’ancien député LREM Loïc Dombreval lancent dans cette tribune leur mouvement politique Les Écolos, qui veut défendre une « écologie de gouvernement ».
Le mouvement Les Écolos sera présidé par Yann Wehrling, ex-Vert, ancien ambassadeur à l’environnement, aujourd’hui vice-président de la Région Île-de-France à la Transition écologique.
Dans une tribune publiée par le JDD, plusieurs personnalités politiques annoncent le lancement d’un nouveau mouvement politique. Baptisé Les Écolos, ce mouvement veut structurer une « écologie de gouvernement », « utile », en opposition à une écologie française qui, selon eux, s’est éloignée de l’action « pour s’inscrire dans la radicalité à gauche ».
Urgence écologique : commenter ou agir ?
Plus que jamais, c’est la question qui traverse aujourd’hui l’écologie politique.
Commenter, pour celles et ceux qui sont militants depuis de longues années, nous l’avons fait tant et plus. Dénoncer, manifester, c’est, sommes toutes, à la portée de tout le monde. Tout le monde le fait-il ? Certes non. Est-ce utile ? Oui, évidemment, car c’est une pression salutaire. L’inverse, à savoir une indifférence généralisée face à la crise environnementale serait désespérant. Mais au regard de l’urgence, est-ce suffisant ?
L’écologie politique en France a pu être, par le passé, une force politique qui s’inscrit dans une perspective de « parti de gouvernement » qui a su, précisément, passer du commentaire à l'action. Comme elle l’est d’ailleurs avec force en Allemagne, en Autriche et dans plusieurs pays européens. Mais en France, elle s’en est éloignée pour s’inscrire dans la radicalité à gauche. Dont acte.
L’urgence environnementale exige qu’une écologie de gouvernement se structure en France
Le constat est là : cette écologie s'emploie à diviser la société, à invectiver ceux qui sont parfois mal informés, mal préparés. Au contraire, dans une période où nous n'avons jamais eu autant besoin de nous rassembler pour anticiper et préparer la transition écologique, l’invective et la dispersion sur des revendications souvent totalement anecdotiques, nous fait perdre un temps précieux. Certains pensent que l’urgence écologique implique l’impatience et la colère, nous pensons au contraire qu’elle exige calme et esprit constructif. Et, disons-le clairement, la transition écologique passe nécessairement par la mobilisation du monde économique. Contrairement à l’extrême gauche qui les désigne en ennemis à abattre, nous, nous saurons leur parler.
Plus que jamais, nous devons rassembler les acteurs de l'environnement et unir la société autour d'une même cause.
Car l’urgence environnementale exige qu’une écologie de gouvernement se structure en France. Qu’est-ce qu’une écologie de gouvernement ? Qu’est-ce qu’un parti de gouvernement au fond ? Tout simplement un parti qui, sans rien renier de ses convictions et aspirations profondes, sans aucunement perdre de vue l’ambition la plus forte, cherche sans cesse, sur tous les grands défis qui sont face à nous, des compromis de société pour avancer et progresser dans la bonne direction. C’est vrai que cela conduit à accepter de prendre sur nos épaules le poids du réalisme, à considérer les points de vue opposés, à composer avec nos adversaires. C’est indéniablement moins confortable que d’indiquer au monde, le doigt levé, le verbe haut, la marche à suivre.
Nous créons un nouveau mouvement politique écolo, pour une écologie qui construit
Il nous faudra trouver ces compromis de société pour faire évoluer notre modèle agricole vers plus de durabilité, notamment dans l’usage des intrants les plus problématiques pour la biodiversité et la santé. Notre méthode ne sera pas de vilipender sans cesse les agriculteurs qui, pour une majorité d’entre eux, aspirent à des changements en profondeur. Nous avons devant nous des défis gigantesques pour préserver et économiser la ressource en eau qui, canicule après canicule, sécheresse après sécheresse, ne sera plus en situation d’abondance. Pour la plupart des ressources naturelles et matières premières, nous entrerons également en pénurie. L’économie circulaire, à savoir « chercher la matière première et l’énergie dans nos déchets », va devenir une question stratégique pour notre économie.
Nos activités peuvent-elles se concilier avec la préservation des espaces naturels et des espèces animales et végétales dans toutes leurs diversités ? Nous le croyons. Le défi énergétique et climatique, troublé par la crise en Ukraine, révélant l’immense fragilité de notre souveraineté énergétique, nous questionne sur le modèle que nous devons construire pour demain. L’énergie nucléaire ne peut plus être écartée. Même en Allemagne, son usage se révèle incontournable. Quant aux énergies renouvelables, notamment l’éolien, son acceptabilité peut atteindre des limites dans certains territoires. Pour autant, difficile d’y renoncer. Mais n’oublions pas les potentiels énormes que nous avons à développer avec le solaire sur les toits et parkings, les espoirs de la géothermie profonde et de surface, de l’hydrogène, et, surtout, les immenses économies d’énergie que nous pourrions encore faire et que la crise actuelle nous oblige à mettre enfin en œuvre sérieusement.
C’est cette envie de travail de fond qui nous anime, pour répondre très concrètement aux exigences des jeunes générations qui nous interpellent avec urgence, et à juste titre.
C’est pour cela que nous créons un nouveau mouvement politique écolo, Les Écolos, pour une écologie qui construit, une écologie de gouvernement, une écologie utile. »